Le transfert d’une haute fonctionnaire de l’Autorité des marchés financiers à Binance : une affaire signalée à la justice
L’association Anticor a récemment saisi le Parquet national financier pour enquêter sur des soupçons de prise illégale d’intérêts concernant le recrutement d’une ancienne cadre de l’Autorité des marchés financiers (AMF) par Binance, une plateforme de cryptomonnaies.
Une suspicion de conflit d’intérêts
Anticor a signalé à la justice des soupçons de prise illégale d’intérêts liés au recrutement d’une ancienne cadre de l’AMF par Binance. En effet, un mois avant que Binance ne soit enregistrée en tant que prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l’AMF, cette haute fonctionnaire a rejoint la plateforme en tant que directrice juridique puis directrice générale.
L’association remet en question les vérifications effectuées par l’AMF lors de l’enregistrement de Binance en tant que prestataire de services. Elle souligne notamment que le Trésor américain a déjà enquêté sur les activités de Binance et que l’ancien patron de l’entreprise a plaidé coupable de violation des lois américaines contre le blanchiment.
Le pantouflage controversé
L’association Anticor demande une enquête sur ce transfert de l’AMF à Binance. Elle estime que cela relève de la prise illégale d’intérêts. Selon elle, cette situation met en évidence l’absence de conscience des risques de conflits d’intérêts entre le secteur public et privé en France.
Le conseil de l’association souligne que le secteur de la finance et celui des technologies sont parfois perçus comme au-dessus des lois. De plus, Binance est déjà visée par une enquête du parquet de Paris pour des démarchages non autorisés et un manquement à ses obligations de contrôle des fonds de ses clients.
Les suspicions de collusion
Aurore Lalucq, députée européenne de Place publique, s’est exprimée sur cette affaire. Elle avait déjà alerté sur les risques de ce transfert et milite pour une régulation plus stricte du secteur. Elle se dit satisfaite du signalement d’Anticor et questionne les liens entre les autorités françaises et Binance.
Elle estime qu’il pourrait y avoir un possible scandale d’État, étant donné que Binance a obtenu un enregistrement en France malgré les enquêtes menées aux États-Unis et les refus d’autres pays d’accorder un enregistrement à la plateforme.